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Article publié le 3 juin 2008.

Les voix des agents ont porté jusqu’au bureau du D.G. seront-elles vraiment entendues ?

Vendredi 30 mai à 17h30, la CGT, CFDT, FO et SNU ont été reçues par le Directeur Général, à leur demande . La raison principale en était l’incompréhension des agents et des organisations syndicales face à l’envoi par l’Administration Centrale (AC) de la lettre invitant les directeurs régionaux (DR) à rappeler par courrier individuels aux agents engagés dans les actions locales de boycott ou de rétention de statistiques, d’affichage de banderoles, de refus de participer aux réunions ou aux formations que ces actions sont « dans l’illégalité ». Bref ou bien les agents obéissent ou ils commettraient une faute professionnelle individuelle. Il s’agit au fond d’un avant-goût de ce qui les attend quand le gouvernement en aura fini avec le statut des fonctionnaires. Mais déjà, le DG est clair : les agents doivent obéir. Face au tollé rappelant le caractère collectif des actions, B. PARENT concède qu’il n’a pas demandé aux DR d’appliquer des sanctions.

A la CGT, qui expliquait que les actions locales avaient été décidées par les agents eux-mêmes d’où leur caractère multiforme, « Vous (les syndicats - ndlr) les avez encouragé…d’ailleurs je rends hommage à votre influence »

Oui, M. le Directeur Général nous avons encouragé les actions des agents qui dénoncent la violation par l’administration du droit des fonctionnaires à être informés et consultés sur les réformes. Les agents et leurs syndicats rappellent aux hauts fonctionnaires qu’ils violent ce principe. Il s’agit aussi de dignité, les agents ne sont pas des « ressources » si peu humaines, mais des personnes qui ont le droit d’être informés et de donner leur avis sur les projets qui engagent leur avenir que le droit le reconnaisse ou pas. Les actions locales sont une prise collective de responsabilité des agents qui expriment ainsi leur exigence d’information mais aussi leur attachement à un service public de qualité au service des consommateurs menacé par les réformes qui visent plus la réduction des budgets que leur amélioration.

A l’occasion, la CGT a fait observer que ce n’était pas par hasard si les agents ont souvent choisi d’exprimer leur mécontentement en centrant leurs actions sur les outils statistiques. Non seulement ces outils ne rendent pas fidèlement compte de l’activité des services mais leur abus pervertit le service public en s’attachant plus au comptage qu’au service effectif rendu (en bref on demande de faire du chiffre).Nous avons précisé que «  la CGT n’est pas hostile aux statistiques, tout le monde en utilise » Nous avons rappelé que nous avions demandé la création d’un observatoire des statistiques à la DGCCRF, visant à repérer les dérives et dans lequel les syndicats seraient représentés.

Le DG s’est appliqué à expliquer qu’il ne pouvait pas dire plus qu’il ne savait sauf à commenter des rumeurs sans fondement, et qu’il s’est, avec ses collaborateurs, battu pour faire valoir ses schémas de construction de notre administration qui il le reconnaît va changer considérablement. « Si je vous dis des choses et que vous ne me croyez pas qu’est-ce que je peux vous dire de plus ? » nous a t-il reproché.

La CGT s’est attachée à montrer que les agents sont fondés à douter et à être inquiets lorsque les discours sont aussi contradictoires. Nous avons rappelé que le DG nous avait promis le maintien de l’ensemble de nos missions, ce qui était déjà douteux en raison des baisses d’effectifs projetées.

- Pour la mission consommation : comment les agents pourraient-ils le croire, quand dans le même temps ils entendent « priorité au développement du 39/39 » dont on connaît les limites (nous avons rappelé par ailleurs à quel point les centres d’appels sont générateurs de stress, catastrophiques partout ou les plateformes téléphoniques existent en terme de conditions de travail) sans oublier que les agents ont encore le souvenir du rapport de l’inspection des finances qui préconisait un accueil exclusivement régional des consommateurs ?

- Pour la mission concurrence : comment croire au maintien du réseau si on supprime la tête sans laquelle la notion de réseau n’a pas de sens ? Nous avons rappelé l’absence dans la commission Attali d’un défenseur de notre service et des conséquences facile à imaginer.

- Pour la mission qualité des produits alimentaires : comment croire à la pérennité du service de contrôle quand on annonce une fusion probable avec un service qui n’a pas une culture répressive, plus riche en effectifs et avec de surcroît un donneur d’ordre le ministère de l’agriculture soumis aux lobbys agricoles (surtout entreprises de l’agro alimentaire) ?

 S’agissant de la construction des nouvelles « DIREECT », directions de l’économie, de l’emploi, de la consommation et du travail. Comment croire à la pérennité et l’indépendance des missions de protection des consommateurs et des travailleurs quand on met en premier l’économie, c’est à dire les entreprises ? La CGT ne conteste pas la nécessité pour l’Etat de se munir d’un service dont la vocation est le soutien de l’économie, nous pensons en revanche qu’il y a conflit d’intérêts (mélange des genres) entre les consommateurs ou les travailleurs d’un côté et les entreprises de l’autre. Notre service de contrôle n’est pas fait pour faire plaisir aux entreprises, mais pour veiller à l’application de textes dont le législateur a estimé qu’ils sont indispensables pour la protection des citoyens consommateurs. Or déjà régulièrement les agents ont été obligés de se lever contre les dérives d’abandon du droit, d’indulgences en faveur des puissances d’argent ou d’amis des politiques qui nous dirigent, des nombreux exemples sont dans les esprits. A cet égard, les contrôles pharmaciens, la charte des HCR, « l’enquête banques », etc… sont les preuves de la nécessaire vigilance des agents.

 Et enfin, comment les agents de la DGCCRF pourraient-ils sereinement travailler mais aussi se former, faire des projections professionnelles quand les DIREECT accouchent d’un projet de fusion avec d’une part un service, la DSV, qui n’a pas de lien avec la structure régionale nouvelle, et qui d’autre part serait sous une influence renforcée des Préfets. N’a-t-on pas vu récemment un Préfet demander à un de nos DR de mettre à disposition de la préfecture des agents pour le contrôle de légalité ? Gageons que les Préfets sauraient réduire à la portion congrue la part répressive sans la quelle l’effectivité de l’application du droit est un conte pour enfant.

Le DG nous a dit :

 pour ce qui est des DIR, j’ai plaidé en faveur des « DIREECT » mais en refusant le magma d’où l’idée de pôles finalement retenue (pôle économie, pôle consommation, pôle travail) accessoirement le DG a tenu à clarifier s’agissant de la nomination des futurs DR que les rumeurs relèvent de la spéculation « ce ne sont pas les préfets qui les nommeront mais ce seront les ministres » ;

 pour la concurrence : « qui vous dit que le réseau n’aura pas de tête, je peux vous affirmer que bien sûr nous allons le piloter » une phrase sibylline laissait supposer que le pilotage pouvait prendre pour base la BIEC de Paris ‘au passage le DG a rappelé que l’avenir de la DNERF était encore en réflexion ;

 pour les unités départementales nous continuons à travailler avec le ministère de l’agriculture.

Le DG s’est engagé à s’adresser aux agents reconnaissant par là le bien fondé de leurs exigences et a fixer un rendez vous aux syndicats pour faire le point sur l’évolution des réformes le vendredi 13 juin.

Dont acte, M. Le Directeur Général.

Les 4 syndicats ont décidé de se rencontrer très rapidement pour tirer en commun les enseignements de cette entrevue rendue possible par l’action résolue des agents.

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