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Article publié le 17 avril 2018.

Courrez braves gens, le vieux monde est derrière vous !

Vous ne l’avez pas remarqué mais l’histoire vient de connaître une accélération fulgurante.

Nous sommes passés à l’ère du numérique et, contre toute attente, les administrations y sont entrées de plain-pied avec une facilité déconcertante.
La nôtre, celle de la DGCCRF, y a fait une incursion encore plus marquée sous l’impulsion de sa nouvelle directrice générale 2.0.

Par un message direct à tous ses agents, elle vient de lancer l’idée, mais c’est dans l’ère du temps, d’une start-up d’Etat !

Celle-ci aurait pour mission d’élaborer un site de signalement pour les consommateurs visant à recueillir «  l’information utile aux contrôles  » dans le cadre notamment des procédures de retrait/rappel de produits et à « faciliter la correction des manquements constatés ».

Cette structure légère de 2 à 4 personnes, serait composée d’un agent motivé de la DGCCRF et de développeurs spécialisés, missionnés par la DINSIC/beta.gouv positionnée auprès du secrétaire d’Etat au numérique.

TOUS CONSOM’ACTEURS ? Récup et manipulation !

Et notre DG à la pointe des NTIC, de se lancer dans une opération de com. qui pour être efficace, n’en est pas moins particulièrement manipulatrice vis-à-vis des agents et des consommateurs.

Le discours, un brin démagogique, consiste à affirmer que chaque consommateur peut devenir acteur de sa sécurité et de sa protection (économique).

L’administration peut l’y aider en rendant le consommateur actif dans une démarche d’alerte citoyenne, faisant de lui un véritable « consom’acteur  ».

Il pourrait signaler directement les irrégularités qu’il constate, dans le cadre de ses actes courants, sans formalisme, via le site dédié, depuis son « ordi phone » (smart phone), sa tablette ou son ordinateur.

La finalité du dispositif serait de réduire «  les manquements en matière de sécurité et de protection économique des consommateurs, grâce à la participation active à la mission de service public de la DGCCRF » et de responsabiliser les professionnels, en leur permettant de corriger les manquements.

Au passage, saluons le bel hommage rendu implicitement par la DG à notre association de consommateurs, INDECOSA-CGT, qui a, dès sa création, inscrit dans sa démarche militante, le concept ici rappelé, de CONSOM’ACTEUR.

Il nous faut simplement préciser que cette notion ne s’entend que dans un mouvement et une dynamique collective et consciente, et non pas comme la contribution d’un individu atomisé réduit à une fonction de supplétif de l’administration.

Car, comme bien souvent, si le projet tel qu’il est présenté, peut paraître séduisant (voire attractif), il intervient à un moment particulièrement critique de l’histoire de notre service.

Celui-ci est en effet dans une situation catastrophique tant d’un point de vue organisationnel (éclatement des structures) que de ses effectifs (nouvelle réduction de 45 postes en 2018) après des réductions drastiques de centaines de postes sur les dernières années (3358 en 2010 – 2798 au 1/1 2018).

Alors que l’actualité ne cesse de révéler scandale sur scandale (celui de lactalis après celui des œufs au fipronil, le diesel gate, les lasagnes à la viande de cheval ... et avant celui qui vient d’éclater, des fromages Mont d’or touchés par une salmonelle tueuse), l’actuel gouvernement, dans une posture idéologique néolibérale pleinement assumée, reste sourd à tout argument qui conduirait ne serait-ce qu’à maintenir les effectifs des services de contrôle dont celui de la DGCCRF, pour prévenir un tant soit peu ces menaces réelles sur la sécurité et la santé des consommateurs.

Dans ce contexte, vouloir substituer aux effectifs en chute libre de la CCRF, une start- up d’Etat de 3 à 4 personnes, pour s’épargner un maximum de visites et de contrôles dans le domaine de la sécurité et de la protection économique, ceux-ci étant pris en charge par les consommateurs eux- mêmes, ne semble pas en définitive une si bonne idée.

Mais quand l’histoire nous mord à la nuque, que ne ferait-on pas pour échapper à son sort !

Dans un dernier souffle cependant, la DGCCRF aura accouché d’une start-up d’Etat.
Après cet effort titanesque, elle pourra rejoindre pour l’éternité, sous le regard compatissant de Jupiter, les champs élyséens !

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