Logo du site

Article publié le 19 avril 2007.

Déclaration des organisations syndicales C.G.T, F.O, S.N.U. et C.F.D.T de la région Midi-Pyrénées lors de la réunion Midi Pyrénées organisée par la DGCCRF

Monsieur le directeur régional,

Vous avez souhaité réunir l’ensemble des agents de Midi-Pyrénées en présence de monsieur Pierre FOND, Chef de service de la coordination et des ressources.

Les objectifs annoncés de cette réunion sont de :

 fédérer les énergies
 développer le sentiment d’appartenance à la région
 améliorer la communication interne.

Voilà qui ne déparerait pas au milieu des slogans de campagne creux qui fleurissent actuellement ! Permettez-nous de vous ramener à la réalité, dans un univers défiguré par l’usage quotidien de la LOLF que vous semblez ne pas connaître.

1°) FEDERER LES ENERGIES :

Messieurs les directeurs, à force de gestion uniquement préoccupée de résultats statistiques, vous finissez par décourager les meilleures volontés tant votre démarche ne répond qu’à l’unique préoccupation des indicateurs !

Les objectifs s’avèrent des plus grossièrement primaires, en faire toujours plus : plus de visites, plus d’actions, plus de prélèvements, plus d’indices, plus de célérité dans les réponses. S’ajoute à cela une complexité grandissante des enquêtes et des réglementations et une volonté de couvrir des secteurs dans lesquels nos réglementations sont inopérantes ! On observera au passage que la programmation régionale va encore plus loin que la nationale puisque les objectifs en termes de visites ont été augmentés et ceux en termes de délais de réponse raccourcis. Voilà réinventé, à l’envers, le supplice imaginé dans la mythologie grecque du Tonneau de Danaïdes : de quoi éroder les énergies les plus farouches.

Pour nous, décidément, tout comme le tonneau, la coupe est pleine !
Toujours plus, mais avec toujours moins de moyens : moins d’effectifs, moins de formation, moins de budget d’analyse, moins d’évolution de carrière … et même moins de mètres carrés par agent (car il y en a même qui ont pensé mettre un indicateur là-dessus !) !

En parallèle, une programmation grotesque, notamment au niveau du CPMM où les critères sont bien éloignés des missions de protection du consommateur assignées par le législateur.

Il en va de même dans les suites réservées aux enquêtes : la mode est aux mesures administratives ! tout est bon, la moindre erreur d’étiquetage et voilà qu’est mise en branle cette procédure alors qu’une NIR voire un RR auraient suffit ! Pour gonfler les statistiques il s’agit d’écraser les mouches avec un char d’assaut et de fuir en rase de campagne quand un problème de fond survient.

Belle équité que celle qui règle le sort des citoyens au gré des nécessités des statistiques !!!

Les médias s’en font actuellement l’écho, la course aux résultats a des effets désastreux dans la police et de nombreux citoyens en font dramatiquement les frais. Faut-il que la DGCCRF suive ce même chemin fait de mensonges et d’injustices ?

La gestion des effectifs vit, elle aussi, à l’heure de la LOLF. Ainsi, il faut supprimer les secrétaires car elles ne rapporteraient rien, comme toutes les « fonctions support », en trop grande importance, elles plomberaient le ratio temps travaillé/temps passé à l’enquête ! On ne s’étonnera donc pas des velléités des directeurs tendant à faire effectuer les travaux de secrétariat aux enquêteurs.

Pour les agents, à cette demande de résultats dépourvus de sens, à cette gestion calamiteuse s’ajoute l’absence de perspectives dans les rémunérations et les carrières.

Les rémunérations : que proposez-vous aux agents si les objectifs sont atteints ? 150 euros de prime de fin d’année, quand vous-mêmes, Messieurs les directeurs prenez de 75 à 150 points d’indice, et combien de primes !!! Là, c’est nous qui aimerions bien visiter votre univers de temps en temps !!!

Les carrières : ce sujet ne semble plus à la mode sauf pour vous, Mesdames et Messieurs de l’encadrement qui cherchez à créer des postes sur mesure permettant de récompenser les membres de ce joyeux sérail ! Pensez-vous de la sorte susciter de nouvelles vocations ? Il est vrai que le concours d’IP manque ces temps-ci de candidats, à tel point qu’il devient, le concours interne le plus facile de notre administration.

Inspirée sans doute par le titre d’une mauvaise série TV, c’est l’expert qui est présenté comme la panacée ! Contre l’avis de toutes les organisations syndicales vous persistez dans la création d’un emploi alors qu’on vous demandait un débouché de fin de carrière. A cet égard, la lourdeur du postulat politique qui vous anime, Monsieur FOND, à l’instar de votre famille de pensée, c’est bel et bien de démanteler le statut de la fonction publique.

2°) DEVELOPPER LE SENTIMENT D’APPARTENANCE A LA REGION :

La région selon vous serait la solution miracle à tous nos maux par le biais de la MUTUALISATION, le grand mot que voilà mais qui se réduit à pas grand chose en réalité !

Comment faire plus avec moins ? Mais en mutualisant, pardi !
Plutôt que d’entretenir de coûteuses directions départementales, contentons nous d’une escouade de spécialistes itinérants qui, tels des « missi domici » iront par les campagnes distiller une compétence par ailleurs exsangue, car se nourrissant justement de la proximité du terrain.

Dans cette vaste mascarade, il ne faut pas qu’il soit dit que les spécialistes (pour ne pas dire experts) se trouvent au seul siège de la région, les départements compteraient aussi bon nombre de spécialistes dont on sollicite l’expertise ! Nous ne sommes pas dupes. Par l’organisation de la paupérisation des unités départementales, ce sont bientôt les agents de ces départements qui demanderont à être dessaisis des tâches les plus complexes faute de temps pour approfondir leurs connaissances !

La réalité, c’est qu’avant même d’avoir à connaître de nombreux départs à la retraite, il a suffit de quelques absences prolongées pour que cette mutualisation touche ses limites. Et pour parer au plus pressé certains enquêteurs ont été aussitôt désignés pour pallier à ces absences en ignorant que ce surcroît de travail les empêcherait de faire leur propre travail dans leur direction départementale.

En outre, quelques « anecdotes » récentes nous laissent perplexes sur les dérives « régionalistes » : Un directeur régional qui signe un protocole sur les modalités d’inspection avec des entreprises contrôlées : sont ce là les objectifs de la CCRF que de satisfaire une clientèle d’entreprise ? Doit on sacrifier l’intérêt des consommateurs sur l’autel de la sacro-sainte entreprise ?

Voilà qui au moins améliorera un indicateur sur la satisfaction des entreprises verbalisées, puisque la DG semble enquêter là-dessus. Souhaitons autant de mansuétude à la racaille banlieusarde ou aux délinquants routiers !

3°) AMELIORER LA COMMUNICATION INTERNE :

Monsieur le directeur régional, depuis la mise en place de la régionalisation, la seule motivation de vos déplacements dans les directions départementales fut de leur présenter la LOLF et cerise sur le gâteau le contrôle de gestion qui s’ensuit ! C’est bien peu pour satisfaire à la nécessaire communication interne. Ce ne sont pas les félicitations adressées nominativement par lettre aux enquêteurs ayant participé au contrôle CPMM au niveau régional qui vont nous faire croire à une quelconque volonté de votre part de connaître les compétences, les attentes et les difficultés des agents de toute une région.

Nous ne vous demandons pas de la communication, nous vous demandons du dialogue. Ce dialogue n’existe plus au plan national avec nos organisations syndicales, il n’existe pas au plan local, faute notamment d’instances paritaires.

Quel échange au travers de ces grands messes, saupoudrées de paillettes, de ces mots vains, de ces journées où tout le monde se retrouve pour entendre que tout va bien à la CCRF et que notre avenir est radieux ?

Nous avons pu mesurer dans un passé récent la portée réelle de ces grand messes, ne comptez donc pas que nous soyons dévots.
Si le dialogue n’est pas renoué, en particulier par l’ouverture d’une négociation générale sur les effectifs, nous appellerons au boycott pur et simple de la prochaine réunion de ce type.

Toulouse, le 19 avril 2007.

Retour en haut