Article publié le 28 novembre 2018.
Les questions qui embarrassent la DG (numéro 1) : Consommateurs : you are fired !
Consommateurs : you are fired !
Vous êtes virés ! Tel était le mot de la fin, en forme de plaisir pervers, du dénommé Donald T…. dans l’émission à sa propre gloire the apprentice.
Le vieux pays de civilisation qu’est la France s’estime protégé de telles dérives, encore drapée, pense-t-elle, dans la dignité des Droits de l’Homme et des avancées sociales pour tous. Dans l’illusion en somme, d’un modèle que nous ne concevons que pérenne.
Mais que penser alors, lorsqu’une structure unique en Europe, la DGCCRF, administration de protection économique des consommateurs, véritable outil public de surveillance des équilibres, est lentement atomisée. Qu’elle est victime d’exsanguination progressive. Que pour finir, ses bons docteurs, nos édiles, proposent pour panacée de lui faire tourner le dos à la France des déserts administratifs, sociaux, à la France des déshérités de la fracture numérique. Cette masse qui chaque jour encaisse les dérives d’un monde économique n’obéissant qu’à ses propres priorités et qui pour y faire face pouvait encore disposer, à tout le moins, de conseils auprès des agents de la DGCCRF. Proposer la dématérialisation de la permanence consommation dans une revue des missions, c’est pourtant prendre ce chemin d’abandon.
Qu’en penser ? N’est-ce pas là une forme, encore feutrée, de l’affirmation de la réussite individuelle, incarnée dans l’entreprise et faite reine, contre une défense collective qui désormais dérange ? N’est-ce pas là une acception, encore proprette, d’un fond similaire de cette caricature cynique et vulgaire qui s’incarne dans ce « you are fired » ?
L’Administration n’est pas un jouet, elle est l’instrument pratique, la traduction de la responsabilité politique que se donne l’Etat vis à vis des citoyens. Après le temps du « continuez à faire avec toujours moins » vient le temps du « faites moins avec encore moins ». Mais ce choix n’est pas anodin. En fermant la porte de l’orientation des litiges à la masse des consommateurs qui déjà ne nous trouvaient plus guère, cachés que nous sommes derrière les DDPP, DDCSPP, DIRECCTE, DRDJSSCPP, quelque chose se joue qui doit nous alerter. Par choix, la technocratie budgétaire prend le pas sur l’objectif : le service du public et la garantie de la neutralité face à l’individualisme et aux profits sans barrières.
Quand le garde-fou se met à déranger plus que le vide, nous tombons.
Le 6 décembre 2018, posez-vous cette question cher(e)s camarades, fonctionnaires, contribuables, citoyen(ne)s. Aidez-nous à refuser.