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Article publié le 24 août 2010.

Sous la plage, les pavés ?

Même si la période estivale est propice au repos, et de fait, à une certaine démobilisation des militants, il faut souhaiter à toutes et tous de passer de bonnes vacances régénératrices, pour revenir plus toniques que jamais, prêts aux combats de la rentrée.

Et les revendications à porter, développer, fédérer, faire grandir pour gagner sont nombreuses : salaires et pouvoir d’achat, retraites, réforme de l’Etat pour construire ensemble un nouveau choix d’une société plus juste et plus égalitaire.

Les salaires dans la Fonction Publique : "Travailler beaucoup plus pour gagner de moins en moins" !

La négociation salariale de juin a très vite tourné court, puisque le gouvernement, à son habitude, est arrivé avec les réponses déjà ficelées dans sa besace : autant dire qu’il n’y avait rien à négocier.

Si Woerth et Tron ont concédé du bout des lèvres que le Gouvernement respecte sa parole (comme s’il pouvait en être autrement dans un dialogue social normal !) et applique la hausse de 0,50% prévue le 1er juillet (ce qui ne représente que 0.25% en année pleine, seule hausse prévue au titre de l’année 2010, à rapprocher du taux d’inflation moyen 2010 qui doit se situer aux alentours de 1,75%), le gouvernement affiche sans état d’âme un gel complet des salaires pour les années 2011 à 2013.

S’ajoute à cela la hausse annoncée des cotisations retraite de 0.27% par an sur la période : le recul de pouvoir d’achat pourrait ainsi atteindre les 10%. (cf. plus bas)

Un dispositif à contre cycle, une fois encore, car la baisse du pouvoir d’achat induit une baisse de la consommation encore plus marquée. Tout faux !

Dans le même temps, les chiffres officiels font état pour 2007 (derniers chiffres connus) d’un recul des salaires, primes et pensions de 0,6 point dans le PIB, soit quelques 10 milliards d’euros économisés sur le dos des salariés. Édifiant !

Pour la CGT, il s’agit bien d’une attaque en règle visant à faire payer la crise financière aux seuls salariés.

RGPP II annoncée par Baroin : "Une renforcement accentué du recul du service public !"

D’ores et déjà, le gouvernement annonce 100.000 nouvelles suppressions de poste, dans le but d’économiser 3 milliards de masse salariale.
Dans le même temps, l’Etat va réduire de 2 milliards €, soit 10%, ses dépenses d’investissement et de 5 milliards € ses dépenses d’intervention.

Des pans entiers de l’intervention publique, dans le cadre de l’intérêt général, vont basculer dans la sphère privée.

 Dans le secteur Equipement environnement, le ministère a décidé de supprimer progressivement les activités d’ingénierie publique sous le prétexte de ne pas concurrencer l’offre privée.

 Pour la Défense, il s’agit aujourd’hui de préparer les "externalisations", c’est à dire les privatisations de nombreuses activités, pour le plus grand profit de quelques "happy few" (Thomson, Thales, Dassault et nous en oublions sûrement …).

 Au ministère de la Culture, la maitrise d’œuvre des travaux sur les bâtiments classés sort du giron des ABF et des AMH pour être confiée au privé.

Plus généralement, les moyens mis à disposition des administrations et des fonctionnaires seront très amplement diminués. Cela aura d’importantes conséquences pour l’exercice de nos missions et nos conditions de travail. Nous avons pu en en mesurer les résultats désastreux lors de la campagne OIV (cf. notre circulaire n°16).

Le projet de loi NOME : Comment l’ouverture du marché à la concurrence va renchérir le prix de l’électricité !

Pour permettre aux concurrents d’EDF de pénétrer le marché domestique et de réaliser des marges, cette loi vise d’une part à interdire à EDF de continuer à pratiquer des prix réglementés auprès du public, ce qui conduira à des hausses conséquentes , et d’autre part va contraindre l’opérateur historique à céder à ses concurrents à vil prix une partie de sa production, réalisée avec les équipements financés par des fonds publics.
Excellent contre exemple de la concurrence libre et non faussée : au cas d’espèce, pour renforcer la concurrence, Bruxelles impose que l’opérateur le mieux placé renonce à son avantage pour faciliter artificiellement l’émergence d’opérateurs alternatifs. Incroyable !

Encore un bel exemple de dérive de l’idéologie dominante qui tend à privilégier l’émergence de nouveaux opérateurs privés quitte pour cela à tourner le dos à l’intérêt général.

Le projet de loi sur les retraites : Travailler BEAUCOUP plus longtemps pour toucher BEAUCOUP moins !

Après avoir été créatrice (le premier régime de prévoyance a été créé en 1673 à la demande de Louis XIV pour la marine de guerre) et avoir connu une période de progrès jusqu’à une période récente (en 1850 création d’une caisse de retraite pour les salariés du privé, dans les années 40 création du premier régime obligatoire par répartition), la France a déclaré depuis le début des années 90 la guerre à son régime de retraite par répartition.

Les réformes se succèdent (1993 réforme Balladur, 2003, 1ère réforme Fillon – déjà-, 2008 réforme des régimes spéciaux) mettant toujours en avant la baisse du nombre d’actifs relativement à l’augmentation du nombre de retraités. Ces réformes ont toujours abouti à des reculs sociaux et à une baisse importante des niveaux de pensions servies aux retraités !

Mais ces logiques purement comptables sont volontairement lacunaires et relèvent d’un positionnement spécialement étudié pour que jamais la situation ne fasse l’objet d’un examen global. Les profits toujours plus grands des entreprises du CAC 40, des banques, des spéculateurs ne sont jamais inquiétés. L’influence du chômage de masse, et donc des politiques de l’emploi, sur les financements n’est jamais mise en avant.

La problématique des gouvernements successifs est toujours la même : comment faire porter aux salariés une part toujours plus importante du coût des systèmes de solidarité ?

Et qu’importe si cela accroit encore les inégalités dont toute une partie de la population pâtit déjà dans le cadre de sa vie active ! Autant de dégâts pour une seule réforme conduisent à relever le caractère parfaitement volontaire des résultats attendus !

Une réforme avant tout idéologique : Faire payer les salariés, remettre un chèque à Bettencourt !

L’idéologie dominante, trouve une belle expression sur le dossier des retraites. Aujourd’hui, alors que le chômage et la précarité touchent durement les salariés de plus de 55 ans, le gouvernement voudrait imposer un âge légal de départ à la retraite porté à 62 ans !
Bien que réalisée sous couvert de logique comptable pour prétendre sauver le régime de retraites par répartition, la réforme est en réalité économiquement et socialement inepte.

Avec cette réforme, la France est en passe d’adopter une des législations les plus dures d’Europe avec :

 une durée moyenne de cotisation fixée à 41.5 années ;

 une exception culturelle consistant à indexer l’évolution des pensions sur le seul indice des prix (au mépris du coût réel de la vie !) et

 un niveau de pension par rapport au salaire parmi les plus bas d’Europe ! (54% contre 74% de moyenne européenne).

Belles perspectives !

La raison de ce marasme social sans précédent est encore et toujours d’ordre idéologique !

La réforme actuelle aboutira à faire diminuer d’un point la part des retraites dans le PIB, soit une économie de 22 milliards d’euros !
Une fois de plus, les salariés seront les dindons d’une farce qui ne connaît pas de fin puisque les gouvernements successifs se refusent à aller chercher l’argent là où il s’est réfugié !

A titre d’exemple, pendant ce temps, les heures supplémentaires demeurent exonérées de toutes charges. Ce sont ainsi près de 40 milliards d’euros par an qui ne sont pas prélevés alors que le système des retraites n’en exigerait que 20 pour retrouver l’équilibre !

Ça ne fait rien, faisons payer les salariés, ils ont déjà bien de la chance d’avoir un travail !

Ce cynisme n’est pas uniquement rhétorique, il préside bel et bien à la prise de certaines décisions qui sonnent comme de véritables déclarations de guerre au monde du travail !

Comment peut-on oser voir un progrès dans une soit disant prise en compte de la pénibilité du travail, alors que ne seraient concernés que les salariés reconnus invalides du fait d’une incapacité permanente d’au moins 20% !

Le dispositif écarterait toute dimension collective, rejetterait les environnements agressifs et les rythmes de travail de la définition de la pénibilité pour ne concerner au final qu’1% des personnels partant en retraite. Ce refus de prise en compte des conditions de travail conduit à permettre à certains de prendre leur retraite en bonne santé et à le refuser à d’autres !

Chapeau bas. Quels progrès !!!

A cela s’ajoutent d’autres inégalités pérennisées par la réforme ! Les femmes doivent toujours, et plus que jamais, choisir entre le fait soit d’avoir des enfants, soit de bénéficier d’un déroulement de carrière complet pour des retraites égalitaires !

L’exonération totale de certaines catégories de revenus (stock options, intéressement, prise de participation etc.) pénalise fortement ceux dont l’existence dépend des seuls revenus de leur travail !

Le cas particulier des fonctionnaires

Le cas des fonctionnaires doit aussi faire l’objet d’une analyse sérieuse.
Pour eux, cette réforme est porteuse de nombreux risques.

Le niveau moyen des pensions n’est en aucun cas supérieur à celui des salariés du privé (discours dominant de pseudo égalitarisme de la réforme), il est même tout point comparable.

Et si le niveau des cotisations est effectivement plus bas (7.85% contre 10.55%), il est à rapprocher de la baisse de 9% depuis 10 ans de la rémunération indiciaire qui sert d’assiette au calcul des pensions.
Enfin, le mode de calcul consistant à asseoir les pensions sur la base des traitements perçus sur les six derniers mois pourrait à première vue passer pour une injustice par rapport aux salariés de statut privé pour qui la base est celle des 25 meilleures années.

Mais ce serait faire fi de la progression de carrière des fonctionnaires qui est lente et régulière au début de la carrière avant d’être totalement stoppée plusieurs années avant la fin d’activité !

Appliquer la règle des 25 meilleurs années aux fonctionnaires des finances aboutirait pour une catégorie A (indice terminal 706) à une perte financière de 643€, 293€ pour une catégorie B (indice 514), compte tenu de la non prise en compte des rémunérations accessoires (primes) dans le calcul.

Pour toutes ces raisons, appliquer aux fonctionnaires la même règle de calcul qu’aux autres salariés reviendrait à les pénaliser gravement en générant une perte sans précédent de pouvoir d’achat. Changer la règle au nom d’une vision étriquée de l’équité serait en fait générateur d’injustice !

Nos revendications

 Garantir la possibilité de prendre sa retraite dès 60 ans pour tous

Pour faire vivre le contrat intergénérationnel et pour le SNACCRF-CGT, de nouvelles modalités d’acquisition des droits à la retraite doivent prendre en compte les années d’études et les périodes de précarité subies pour constituer une carrière de complète de 37,5 ans.

 Des pensions d’au moins 75 % du revenu net d’activité pour une carrière complète

Pour les salariés du privé, le mode de calcul doit être revu : le salaire de référence doit être calculé sur les 10 meilleures années. Pour les fonctionnaires, le salaire de référence doit être calculé sur les six derniers mois. Par ailleurs, les pensions doivent être indexées sur l’évolution du salaire moyen.

 Justice et réduction des inégalités

Aujourd’hui, l’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier est de 59 ans. Aussi la pénibilité au travail doit être reconnue tout comme le droit de partir à la retraite en bonne santé ! Autre inégalité criante, la situation des femmes qui subissent durant la retraité les inégalités subies pendant leurs carrières !

 Assurer le financement des retraites : pour porter de 12 à 18 % la part des richesses créées consacré au financement des retraites, nous formulons trois propositions :

1. Faire contribuer tous les revenus

L’intéressement, la participation, les stock-options,… sont autant de revenus qui ne sont pas soumis à cotisation. Selon la Cour des Comptes, le manque à gagner s’élève à 10 milliard d’euros en 2009. Plus généralement, nous proposons que tous les revenus financiers des entreprises soient soumis à contribution !

2. Une autre politique de l’emploi

La France souffre d’un faible taux d’activité (15e rang européen), inférieur à la moyenne de l’Union européenne. Or un million d’emploi en plus, c’est 5 milliards d’euros de cotisations supplémentaires !

3. Augmenter et moduler les cotisation patronales

En remettant à plat l’ensemble des exonérations des cotisations patronales (30 milliards d’euros) et réformant les cotisations patronales qui pourraient être modulées en fonction des politiques d’emploi des entreprises. Enfin, il peut être envisagé d’augmenter les cotisations patronales, puis salariées.

 Bâtir un Maison commune des régimes de retraites

Afin de solidariser l’ensemble des régimes de salariées et de modifier leur gouvernance. Cette maison commune devra être piloté par des représentants des salariés, élus par ces derniers.

D’ici la rentrée, nous devons donc encore amplifier le mouvement

Après les fortes mobilisations du printemps dernier (2 millions de manifestants le 24 juin dernier), nous pouvons renforcer le rapport de force en signant les pétitions proposées par :

 la CGT (déjà 626 000 signatures) :

 la fondation Copernic (déjà 59 000 signatures)

A la rentrée, premier rendez-vous le 7 septembre !

La question ne repose pas sur l’opposition public/privé, TOUS les salariés, jeunes, actifs, chômeurs, retraités, sont concernés par ce projet de loi INIQUE.

Les confédérations syndicales réunies sont d’ores et déjà en ordre de bataille pour faire de la mobilisation du 7 septembre une réussite.
La constitution d’un rapport de force à la hauteur des enjeux peut faire reculer le gouvernement, souvenons-nous du CPE !

Face à la mondialisation des enjeux revendicatifs, aux politiques d’austérité et aux régressions sociales frappant les pays membres de l’Union européenne, le SNACCRF CGT appelle les agents à s’inscrire massivement dans les rassemblements et les manifestations qui seront organisés le 29 septembre prochain à l’initiative de la Confédération Européenne des Syndicats.

La loi sur les retraites est un enjeu de société : Partout, rassemblons-nous pour manifester notre refus d’une telle régression sociale, notre volonté d’accéder à une retraite juste et pérenne pour tous !

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