Article publié le 5 avril 2011.
Produits d’origine japonaise : les agents CCRF risquent ils une contamination ?
L’accident survenu à quatre réacteurs de la centrale nucléaire de FUKUSHIMA suite au séisme du 11 mars 2011 provoque d’importants rejets radioactifs dans l’air, jusqu’à constituer un nuage dangereux qui, à ce jour, a déjà bouclé son tour de monde de l’hémisphère Nord au gré des vents.
Le japon est exportateur de produits manufacturés, mais aussi de denrées alimentaires comme par exemple de la farine de froment, du riz ou des pâtes alimentaires.
Même si le risque pour la santé des consommateurs apparaît minime aux dires des spécialistes, il n’est pas certain que les contrôles au départ soient systématiques, et les étiquetages en japonais s’agissant de l’origine géographique des produits importés sont difficilement déchiffrables.
La DG a donc mis en place une TN 317 DB en vue du "contrôle renforcé de la contamination radioactive des produits alimentaires importés du Japon".
Selon que les produits importés proviennent des préfectures proches de Fukushima, et que leur date de récolte est antérieure ou non à l’accident (soit le 11 mars), les contrôles, qui portent d’abord sur les fruits et légumes frais et algues fraîches importés par fret aérien, sont plus ou moins drastiques.
Les produits doivent être accompagnés d’un certificat d’exportation (donc d’origine japonaise) mentionnant la source géographique.
Ces certificats sont ils exclusivement rédigés en idéogrammes japonais, traduits en anglais ou multilingues ?
Dans les deux premiers cas, des stages accélérés de langue sont nécessaires, à la fois pour les enquêteurs chargés des prélèvements, mais aussi pour les personnels de nos laboratoires de Lille, Bordeaux, Strasbourg et Marseille, seuls capables d’effectuer les mesures de radioactivité.
Le réseau de commandement de la TN : une usine à neutrons née de la RGPP.
Pire, il est prévu que les prélèvements doivent avoir lieu, que le produit soit accompagné ou non du certificat.
Donc sans que l’on puisse connaître réellement et systématiquement sa provenance, et en conséquence son risque de contamination ! On travaille en aveugle !
En outre, les prélèvements seront évidemment réalisés par les enquêteurs de DDI, qui ne sont plus sous l’autorité de la DG depuis le 1er janvier 2010.
Aussi, la note de service prévoit tout un protocole particulièrement alambiqué pour instaurer sans délai des "liens étroits et permanents" avec les cellules de renseignement des DRDDI pour créer les connexions utiles entre les DD(CS)PP et les services douaniers locaux.
Avant la réforme, une simple directive de l’administration centrale suffisait à mettre en mouvement les agents, sans devoir transiter par les régions. Un vrai progrès !
Une DG rassurante, on se croirait chez Areva !
La note de service rappelle que des "mesures d’hygiène simples (port de gants et lavage des mains) seront appliquées lors de la manipulation des produits, afin d’éviter une éventuelle contamination cutanée. En effet, consulté sur la sécurité des personnes amenées à effectuer les prélèvements, l’IRSN (institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a indiqué que le seul risque d’exposition était la contamination surfacique labile, et que les mesures rappelées ci-dessus sont suffisantes pour s’en prémunir".
Les agents ne craignent rien, l’IRSN a donné sa bénédiction.
Sauf que l’actualité brûlante (télescopage de calendrier) montre que les autorités françaises avaient bel et bien menti effrontément sur les retombées de l’accident de Tchernobyl. Doit-on les croire aujourd’hui ?
Les informations obtenues par le syndicat
La CGT a pris contact aujourd’hui avec des organismes officiels, notamment la CRIIRAD, dont le niveau d’indépendance paraît relativement suffisant, pour se forger son intime conviction et pouvoir alerter les personnels.
Il ressort de ces entretiens les informations suivantes.
Même si le port de masques de protection (type grippe H1N1) et de gants (comme ceux utilisés habituellement pour les prélèvements) n’est pas inutile, seules des tenues appropriées apportent un niveau de sécurité suffisante.
Il semble d’ailleurs que certains départements concernés, à proximité des aéroports, procèdent à l’équipement de ces dispositifs pour les personnels. Cette mesure ne doit elle pas être étendue à tous les agents susceptibles d’être en contact avec un produit contaminé ?
Le principe de précaution doit jouer aussi pour la défense de la santé des personnels !
Par ailleurs, les émissions susceptibles d’être détectées sur des produits japonais sont de trois types : Alpha, Beta et Gamma. La contamination en émetteurs alpha provient du plutonium échappé de la centrale dans le bâtiment.
Les émetteurs Gamma (iode 131 et césium 137), comme les émetteurs Beta sont a priori détectables par la plupart des compteurs Geiger aujourd’hui sur le marché.
La sécurité des personnels passerait donc par l’utilisation systématique d’un compteur Geiger avant même de procéder au prélèvement, pour prendre les mesures de protection appropriées.
Or, le protocole administratif est visiblement inversé : des agents prélèvent des produits (contaminés ou non, donc potentiellement dangereux) et le laboratoire indique si le produit est infecté ! CQFD
C’est pourquoi le SNA CCRF CGT réclame :
– que l’administration centrale mette en œuvre les dispositifs appropriés de contrôle de la contamination des produits AVANT prélèvement
– qu’elle équipe les personnels des seuls matériels susceptibles d’assurer une protection adéquate : utilisation systématique d’un compteur Geiger et tenues conformes à la norme
– qu’elle déroge à la chaîne de commandement issue de la RGPP pour rester en prise directe avec les agents CCRF chargés de cette TN
– qu’elle mette en place un protocole de suivi individuel des agents ayant réalisé ces missions, pérenne dans le temps et conforme aux préconisations des experts médicaux, pour éviter tout risque futur.