Article publié le 15 février 2019.
Hommage à Roland Limoges
Cet hommage a été rédigé avec des mots, des phrases, extraits des premiers messages reçus au syndicat mais aussi autour de souvenirs des uns et des autres. Il a été prononcé à deux voix (Brigitte Bidault et Jean-Philippe Simon, co-secrétaires généraux du SNACCRF-CGT ) aux obsèques de Roland Limoges, ancien co-secrétaire général du syndicat de 2007 à 2009
A notre Roland,
Nous, camarades de la CGT, ceux des premiers jours dans les années 1970 comme François, en 1975 à l’école comme Charles, et tous les autres jusqu’à il y a quelques mois, sommes tous aujourd’hui unis dans la peine.
Roland occupait une place toute particulière au sein du syndicat tant par son engagement sans faille que par la personne attachante qu’il était. Il était la mémoire du syndicat, de son histoire, avec ses anecdotes et ses retours aux fondamentaux biens à propos.
Nous n’oublierons jamais tous ces moments partagés en réunions ou en congrès, où tu savais toujours y apporter ta joie et ta bonne humeur, ton rire communicatif, toi, avec ta moustache légendaire, ta guitare et ta louche ! Tu montais sur la table, un couvercle de marmite sur le ventre, une écumoire entortillée dans un torchon attaché à tes jambes et, au rythme d’une de tes chansons, à chaque flexion, la louche venait frapper bruyamment le couvercle … et ça nous faisait rire aux larmes.
Avec une simple nappe, du saucisson, du fromage et une bonne bouteille, tu faisais d’un simple repas de secrétariat un vrai repas fraternel. Et, comme savait le raconter Evelyne, après le repas, quand tu somnolais, il suffisait de dire le mot magique « CFDT » dans une phrase pour que tu te réveilles !
Nous n’oublierons jamais tes facilités à manier la langue française. Cela se traduisait parfois par des poèmes toujours parfaits, souvent écrits la nuit et que nous découvrions toujours avec bonheur. Comme de t’entendre chanter du Bobby Lapointe où tu faisais fredonner tout le monde autour de toi et même ceux qui ne connaissaient que l’air s’y mettaient aussi.
Mais Roland, c’était avant tout l’homme engagé, avec des convictions profondes et un esprit combattif, syndicalement mais aussi politiquement. Comment aurait-il réagi à tous ce qui se passe dans notre pays, lui qui a toujours lutté pour les injustices.
Il faisait partie des militants qui inspirent un profond respect, dignes héritiers de la Commune.
Nous savons qu’aujourd’hui, tous ceux qui l’ont accompagné dans ses engagements ou tous ceux qui ont croisé sa route, pensent fort à lui.
Nous garderons de Roland le souvenir de son sourire et de tous les échanges chaleureux que l’on a pu avoir, et que l’on espérait pouvoir encore avoir.
Brigitte : En ce qui me concerne, cela fait plus de trente ans que je le côtoyais, et quand du haut de mes 25 ans je suis arrivée au syndicat, il faisait déjà parti des dinosaures comme nous appelions les plus âgés, nous, les très jeunes. Il fait partie de ceux qui m’ont appris à militer, Il m’a donné confiance en moi quand il a fallu prendre des responsabilités, en me disant qu’il croyait en moi, Il m’a donné de la force. Pour tout cela merci.
Jean-Philippe : En ce qui me concerne, c’est à 19 ans que tu m’as pris sous ton aile et montré les ficelles du métier et du syndicat. Tu bondissais de fureur lorsque je t’appelais « Beau-Papa », tu bondissais de joie quand je chantais la plus belle des chansons d’amour, « la crotte de nez ».
Nous pensons aujourd’hui à tous ceux qui réalisent qu’ils ont perdu un camarade, un frère, un ami.
Continuons la lutte, ce sera une belle façon de lui rendre hommage
Tu vas nous manquer Roland