Article publié le 19 février 2015.
Amiante DDCSPP 68 - Lettre ouverte à Madame la Directrice générale de la DGCCRF
Madame la Directrice générale,
Nous, agents CCRF en poste à la DDCSPP du Haut-Rhin, souhaitons vous faire part de la situation irrespirable que nous subissons actuellement.
Cela fait maintenant plusieurs années que la flotte DGCCRF a coulé ; les épaves DDCSPP restantes inhalent leurs dernières bouffées d’oxygène. Cette fois-ci, la nôtre a atteint les abysses.
Ce lundi 16 février 2015, une réunion spécifique « CCRF » a été organisée par la direction de la branche « PP ». Après avoir évoqué le bilan contentieux de l’année 2014 et les nouveaux indicateurs 2015 que les 19 agents devront s’efforcer de respecter, la direction nous a fait part du dossier « immobilier » de la DDCSPP.
Nous occupons en effet encore seuls les locaux du site « République » de Colmar et rejoindrons le site « cité administrative » qui regroupera l’ensemble des services « CSPP » fin mars 2015.
Or l’immeuble « République » a été racheté par les services départementaux de l’Éducation nationale (Rectorat) qui trépignent d’impatience d’y emménager, alors que les travaux « cité administrative » ont pris du retard par rapport au calendrier initial.
Ce lundi 16 février 2015, nous apprenons qu’une réunion des directeurs des projets immobiliers s’est tenue le vendredi 13 février et que notre direction a été informée ce jour là :
que le site que nous occupons à « République » (pour certains) depuis 1994 est amianté à différents endroits sur plusieurs étages ainsi que le toit du parking abritant nos véhicules de service ;
que des travaux de désamiantage devront être réalisés à partir… du 16 février 2015 début d’après midi !!!
En effet, alors que nous sommes toujours présents sur le site infecté, un dossier « plan de retrait amiante pour site inoccupé » a été validé par l’UT DIRECCTE. Diverses entreprises mandatées par le maître d’oeuvre se sont ainsi rendues sur notre lieu de travail les 16 et 17 février afin d’effectuer ledit désamiantage conformément à un plan qui ne correspond pourtant pas à la réalité de notre situation.
Fort heureusement, unis avec notre direction locale face à ce « cafouillage » administratif, nous nous sommes coalisés contre l’ouverture de ces travaux qui mettaient en danger notre santé et ce, alors qu’aucun CHSCT n’a été consulté, pas plus que le médecin du travail, et qu’il nous avait été affirmé auparavant que le diagnostic amiante établi lors de la vente en 2012 était négatif...
Vous comprendrez que cette situation totalement ubuesque et kafkaïenne est contraire à la santé publique dans la mesure où, en plus d’abriter nos bureaux, ce bâtiment accueille régulièrement du public.
Ce mercredi 18 février 2015, l’inspecteur du travail s’est rendu dans notre bâtiment à la suite de la mise en œuvre de notre droit d’alerte (et de retrait) auprès de notre direction. Il a constaté à cette occasion qu’il existait bel et bien un risque sanitaire majeur compte tenu de notre présence sur les lieux et de l’inadéquation entre les modes opératoires que des décideurs malveillants étaient prêts à faire appliquer (pour un site inoccupé sans présence humaine) et la situation réelle (site occupé par nous dans le cadre de l’exercice de nos fonctions).
Par ailleurs, l’inspecteur du travail nous a indiqué qu’une enquête serait effectuée auprès des responsables des travaux, car des opérations de repérage d’amiante (carottage avec soulèvements de poussières) ont été réalisées à notre insu courant 2014 alors même que nous occupions encore les locaux.
Dans ces conditions, l’interdiction de l’ouverture du chantier a été prononcée. Et une fiche individuelle d’exposition à l’amiante par agent va être demandée.
A l’heure où nous écrivons ces lignes ce jeudi 19 février 2015, les évènements s’enchaînent : le maître d’oeuvre s’asseoit sur la décision de l’inspecteur du travail qui est dépêché en urgence, l’entreprise de désamiantage est présente pour commencer les travaux, le préfet du Haut-Rhin est prévenu de la situation, un CHSCT est convoqué d’urgence, et nous, au milieu de ce règlement de compte à OK Corral, nous sommes sur le point de médiatiser l’affaire.
Nous tenions à vous informer, Madame la Directrice générale, des conditions de travail vécues par vos agents CCRF qui répondent à vos indicateurs en DDCSPP.
Le 19 février 2015,
Les « occupants » CCRF présents ce jour à la DDCSPP du Haut-Rhin